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26 avril 2008 6 26 /04 /avril /2008 13:34
Je traverse le bourg de Fulu, haut-lieu de fêtes Miao et Dong. J'ai à peine enfourché Multi que je repense à m'arrêter dans sa rue principale si animée... Je ne vais jamais décoller !! Les rues sont un amalgame de boue et de pierres et je me fais un peu de souci : je n'ai pas nettoyé Multi qui s'encrasse gentiment mais sûrement.

Je prends l'embranchement pour les villages Dong de Diping, Long e, Zhaoxing. A peine entrée en pays Guizhou que c'est le grand soleil dans cette province où "il n'y a pas 3 arpents de terre plate, 3 jours sans pluie et 3 sous dans la poche des habitants". Premier jour de graaaaand soleil, ça se fête et ça me donne des ailes. Ici c'est le fief des Dong, si l'on peut dire. Je découvre mes premiers Ponts du vent et de la pluie et Tours du tambour, symboles de l'architecture Dong, maîtres en la matière. J'ai quitté la nationale défoncée, pour une route plus petite mais goudronnée. Je serpente à travers les rizières en longeant une rivière.

Roues à aubes pour l'irrigation

Encore une fois, il faudrait s'arrêter à chaque geste, chaque sourire. Comme le "bonjour" n'existe pas chez ces peuples, mais qu'il est remplacé par une phrase de circonstance suivant la situation, je suppose qu'on me demande "d'où tu viens, où tu vas?" et répond invariablement "Zhaoxing". Après le village de Long e, la route s'élève dans les montagnes (pas du tout prévu sur ma carte ça !!) aux reliefs sculptés de terrasses. Je vais passer de 400m d'altitude a 1000m en deux heures dans un paysage merveilleux alors que la lumière baisse. Je n'ai rien mangé à midi à part ma barre de céréales et je sens mon estomac qui crie famine. Rien ne m'indiquait une arrivée si dure et si belle à la fois. Mon compteur me lâche à cinq minutes du col.

La descente sur Zhaoxing

Puis c'est la descente vers le village de Zhaoxing. C'est l'heure du retour des champs. Toutes les générations sont là, palanche chargée sur l'épaule. L'entrée par la grande porte de Zhaoxing se fait au milieu des buffles, charrettes de bois, taxis-motos et enfants qui courent. Il est 19h. je trouve facilement un hôtel et découvre un village bien "attaqué" par le tourisme, mais sans avoir perdu son charme. Bien sûr les 10 tours du tambour qui s'illuminent de guirlandes me donneraient presque envie de pleurer, mais la population locale est bien là, garante des traditions. Authentiques femmes Dong toutes de noire vêtues et leurs petits chignons sur le haut de la tête. Dans la soirée, j'assiste au détour d'une ruelle à la répétition de chants polyphoniques, hommes et femmes en costumes traditionnels. Je me doute bien que c'est purement touristique, il n'empêche, c'est somptueux. Je reste tapi dans l'ombre à écouter, avec des enfants qui courent dans tous les sens et une femme qui bat son tissu indigo en cadence (tous les costumes des minorités du sud-ouest de la Chine sont teintés d'indigo, plus ou moins profond, selon différentes méthodes).

Tour du tambour et pont de la pluie et du vent - Séchage des tissus indigo

Les Dong, maîtres architectes, sont surnommés l'Océan des chansons, réputés pour leurs chants, présents à tout moment : arrivée d'un visiteur, départ, mariage, funérailles. On me raconte qu'autrefois les jeunes filles dressaient des barricades d'objets à l'entrée des village. Pour en obtenir l'accès, les garçons devaient chanter en tentant de les seduire, jusqu'à ce que plus un objet n'obstrue le passage. Ces traditions tendent à se perdre, et les techniques de séduction se banalisent tristement (dit Camille, qui imagine des dizaines de Cyranos chanteurs à l'entrée des villages...).

 

Dans les ruelles de Zhaoxing


Le lendemain je suis debout aux aurore pour profiter du village qui se réveille et des touristes qui dorment. J'ai passé une nuit tip-top dans un hôtel à l'odeur de bois des "pieds à la tête", un lit blanc comme neige, le tout pour 30 yuans. Je traîne dans les ruelles et regarde les marchands s'installer. Ici c'est un camion de bois qu'on décharge pendant que des femmes s'activent à rincer leur tissu indigo dans la rivière qui parcoure le village.

Rinçage de tissu indigo au petit matin

Mon sarwell rouge fait toujours autant d'effet et me permet d'entrer en contact avec des vielles dames qui prennent le soleil matinal : elles l'auscultent de long en large, puis en travers, me touchent dans tous les sens, devrais-je dire... Je me mets à écrire au soleil, c'est l'attroupement assuré. Puis c'est l'école et une nouvelle Tour du tambour. Toutes ces constructions tiennent sans un clou, seulement avec des rivets en bois.

Femmes Dong

Après mon petit déjeuner dans un étal de nouilles, la jeune femme de l'hôtel me dit que "20 yuans is enough for you" ("20 yuans ça sera assez pour vous"). Je la remercie et lui donne les 30 prévus. Même dans un village touristique, les habitants ont sût garder leur qualité d'accueil et leur sens de l'hospitalité, preuve que cela fait vraiment partie de leur identité...

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commentaires

L
J'espère avoir d'autres détails des roues à aube pour irrigation. On apprend toujours beaucoup de choses en regardant comment -avec quels trucs ou astuces-nos anciens construisait. Alors , les ponts ? ...les vieux ponts en bois ou pierrre, ...raconte ?
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