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28 avril 2008 1 28 /04 /avril /2008 18:31
Rongjiang -Yongle 78.22km.

Alors que je me prépare à partir tôt (9h!), Panli vient me proposer de passer la journée avec elle. Je suis son invitée pour elle et sa mère. Qu'il est difficile de refuser devant cette hospitalité... Je décline pourtant son invitation mais traînaille dans la ville avec elle. Pan Li me parle de son lycée où elle est interne pendant la semaine, de sa volonté de devenir médecin. Elle a 18 ans, son frère aîné 20. Sa famille est Dong (j'en étais sûre... ces visages familiers), complètement sinisée, elle ne parle pas sa langue maternelle. Je m'aperçois qu'elle se débrouille très bien en anglais comparée à ses "schoolmates" que l'on croise dans les rues. Je m'achète une nouvelle carte du Guizhou plus détaillée (l'épisode d'hier m'a passablement énervée) et m'aperçois que Leishan où je pensais être ce soir, est à 130km et que ce n'est que de la montée qui m'attend !! Au moment de régler la chambre, PanLi me dit que je suis leur amie, leur invitée et refusera au nom de sa mère que je la paie !!



Pan Li et sa mère



Il fait à nouveau très beau et chaud, je retrouve la route 208 vers 11h45 et tout de suite me sens bien. La forêt est beaucoup plus dense, on voit comment la montagne a été déboisée puis sculptée en terrasses. Ma carte est bonne cette fois et je suis au mètre près les villages que je traverse. Cette rivière à l'eau claire et verte en contrebas me démange. Vers 14h, je fais ni 1 ni 2, mets les pieds dans l'eau... Puis 1 coup d'oeil à droite à gauche et je plonge en culotte et soustif ! Le bonheur tient dans si peu de choses... Il y a bien ce paysan assis au bord de la route, qui n'en perd pas une miette, mais je ne me sens pas du tout en train de faire quelque chose contre la morale de ce pays, vu que l'intimité et la pudeur ici ne situent pas du tout au même endroit que chez nous. Je verrai bien quelques heures plus tard un paysan labourer en marcel et en slip, me faire un grand signe de la main. J'imagine un paysan de Haute Loire dans cette tenue et me marre toute seule.

Une rivière tentante

Cette baignade improvisée me booste mais nouvel arrêt 2 km plus loin : bruits de pétards, cris, son d'un tambour. Sur l'autre rive le village est rassemblé et une cérémonie étrange touche à sa fin. Des paysans présentent à tour de rôle leur buffle, au préalable baigné dans la rivière. On projette des pétards sur l'animal qui ne bronche pas et au suivant ! Et que vois-je ? des hommes à l'eau, en slip, en train de se baigner ! Mon intuition m'a donc bien guidée, elle a quelque chose de spécial cette rivière !! On vient me voir, regarder mes cartes mais impossible de savoir ce qu'il se passe. Un peu plus loin, un groupe joue aux cartes assit au bord de la route. Je vois également des bouteilles d'alcool de riz, 2 lusheng, l'orgue en bambou emblématique du peuple Miao que l'on ne sort que pour les grandes occasions. Je passe ma route... à contre-coeur. Avancer toujours.

Ensuite, c'est l'arrêt "accident", un car a raté son virage et a le cul dans le champ du voisin. C'est l'attroupement et l'embouteillage en pleine campagne. Je photographie et repars en jubilant, moi avec Multi, libres comme l'air... C'est le cinquième accident que je vois depuis mon départ. La conduite des bus est tout simplement terrifiante. En plus d'utiliser le klaxon en continu, ils doublent sur 3 files quand la route n'a que 2 voies...

Retour de marché

À Pingyong, c'est jour de marché, enfin c'est plutôt la fin du marché. Je le comprends avant d'entrer dans le village car je croise sur le bord de la route des femmes Dong, les plus joliment habillées que j'ai vu jusqu'ici. Ce n'est pas jour de fête mais elles portent toutes des palanches à moitié vides... aah c'est donc le retour du marché ! La coutume est de mettre ses plus beaux atours pour aller à la ville...

Après Pingyong, je quitte la rivière qui se perd dans la montagne et le paysage change; ça monte sec ! Je vois s'éloigner Leishan (où je voulais utopiquement arriver aujourd'hui... Mais il y a toujours une montée de 2-3h en fin de journée qui me prend de cours, alors qu'il est déjà 17h30, et en plus je m'arrête pour photographier un marchand de bois et ses hommes qui chargent à dos nus des troncs énoooooooormes. On m'invite à m'asseoir, je sens les plaisanteries grivoises...



Exploitation du bois



Après le village de Tashi, je décide de mettre un terme à ma journée : il est 19h, je ressens une douleur au tibia droit que je ne m'explique pas.

Yongle semble être une immense cours de récréation. J'arrive au moment où les cours du soir reprennent. La musique est lancée en guise de cloche et les jeunes dévalent les rues pour ne pas arriver en retard.

Je trouve le seul hôtel, à la barrière d'escalier couleur or. 20h, le village est plongé dans le noir, tout le monde a mangé mais mon bonheur m'attend en face de l'hôtel : du riz avec plein de légumes, tofu fumé, viande cuite au wok. J'en ai rêvé toute la journée ! Je fais comme les autres clients, j'ouvre le frigo (chose rare dans la rue...) et montre du doigt ce que je veux. Des camionneurs s'arrêtent. Finalement, même si on ne fait pas le même métier, on est un peu pareil. Sur la route. Des "routiers", en témoigne la couleur de nos mains. Du cambouis incrusté sous chaque ongle. Ils engloutissent 5 plats, 5 bols de riz chacun quand je n'en suis qu'au premier et m'invitent à partager leur repas.

Un village Dong qui ressemble à une cour de récréation (enfants devant l'Opéra)

Tout le monde est assis à la même table sur ces petits tabourets en bois, taille maison de poupée (qui me font mal aujourd'hui : depuis 2 jours, mes os des fesses rencontrent le haut de ma selle et ça ne va plus du tout. Allez comprendre... Je perds mon rembourrage au fil des kilomètres !). L'alcool de riz qu'ils me servent me monte droit au cerveau et je pense m'endormir sur la table...

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