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22 juillet 2008 2 22 /07 /juillet /2008 15:56
Xing He Xian - Huai An Xian. 107,01km.

À 8h je mets les voiles et file de descente en montée pour varier dans un paysage Bagdad café, steppe mongole remplaçant le désert américain. Je traverse ces villages «relais routier-station service» qui parsèment la nationale depuis deux jours. À leur seule vue, le cafard me tend les bras, aussi je continue de sauter mon déjeuner et me gonfle de litres d'eau encore et encore.

Ces villes stations essence ne m'attirent guère, je trace sans déjeuner une fois de plus

Premier barrage routier à l'entrée de l'un d'eux. Il y a foule et moult policiers. On se précipite sur mon passeport, policiers et badauds se l'arrachent presque des mains avant que je leur reprenne d'autorité en leur mugissant que ce n'est pas un bout de gras qu'ils se disputent. Je sais, je devrais me taire, mais leur attitude grossière m'exaspère. J'ai l'impression d'avoir affaire à des policiers fantoches en permanence. On me demande d'ouvrir mes sacs... tout décharger... je parviens enfin à comprendre que 400km avant Pékin, la galère et la parano chinoise de la sécurité a commencé.

L'avancée du désert se fait sentir partout, les rivières deviennent ruisseaux quand elles ne sont pas desséchées...

Passé l'épisode fouille, je quitte mon plateau des «hautes» altitudes mongoles pour une descente de dix kilomètres et me retrouve à 400m. d'altitude, des champs de mais à perte de vue entre deux barrières de montagnes rocailleuses. Le paysage ressemble à un vaste champ assoiffé, les lits de rivières asséchés et craquelés sous la brûlure impitoyable du soleil. Si ça continue, moi aussi je vais me craqueler de partout. Je pèle déjà pour la énième fois du nez, morve et me mouche sans relâche maintenant.

Des câbles à hautes tensions rayent le ciel quand j'aperçois dans le lointain les premiers vestiges de la grande muraille. Il s'agit de tours de guets, amas de terre qui résistent encore au vent et à la pluie, mais dont la présence ne semble guère émouvoir les locaux et l'administration.

Fils à haute tension et vestiges de grande muraille se côtoient dans la plus grande indifférence

Ma route traverse maintenant de petits villages construits de part et d'autre de la nationale, qui ressemble ici à une départementale. Dès que je m'arrête pour demander de l'eau, m'asperger, on m'offre des fruits, des légumes. Ces gens du nord, décrits si rustres, sont aussi accueillants que les chinois du sud. Il existe un grand antagonisme entre les mangeurs de pâtes (chinois du nord) et les mangeurs de riz (chinois du sud), la Chine de l'eau, la Chine où le désert gagne du terrain année après année... mais je passe trop vite pour en comprendre plus.

Peu de vraies rencontres car je file toujours plus vite, mais un accueil toujours aussi chaleureux dans les petits villages entourés de champs de maïs

Je m'arrête vers 16h45 dans la ville de Huai An Xian où des jeunes me guident vers un hôtel, mais la police nous rattrape bien sûr. Une heure trente montre en main pour que l'hôtesse, à deux de tension, arrive à m'enregistrer et ce en présence de cinq policiers, quatre autres membres du personnel de l'hôtel plus tous les badauds. Je suis littéralement E N R A G É E. Cent fois je lui montrerai comment remplir le passeport, cent fois je leur expliquerai les différents tampons sur mon passeport (entrée, sortie... ils pigent que dalle !). À bout, je quitte l'hôtel, ça va mal finir. C'est le moment que choisit la police pour me dire que maintenant on va faire la même chose au poste ! QUOI ????! je tourne les talons et fais la sourde oreille.

J'obtiens ma chambre finalement à... 21h30 après mille questions. Là, des petites jeunes filles toute mignonnes m'annoncent que la douche... «meyou, meyou», l'heure est passée ! le dernier câble finit de griller dans ma tête, je leur prends les clés et leur dit que meyou ou pas, je me douche. J'ai l'impression d'être un monstre tant elles sont médusées de ma colère. À peine sous l'eau froide, la chef de l'étage fait irruption dans la salle de bain, je ne comprends rien et n'écoute plus depuis longtemps...

L A A A C H E Z M O I !!!!!! et je lui claque la porte sur le nez.

J'aurai droit à une ribambelle de sorry, sorry et à des courbettes à la sortie...

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