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25 juillet 2008 5 25 /07 /juillet /2008 21:08
Qian Dian Jian - Mayengzie. 108,12km puis Jinshangling rallié en voiture de police.

Ce matin, le ciel est blanc, annonciateur des jours prochains sur la capitale. La chaleur prend à la gorge, c'est comme une chape de plomb qui fait courber le dos, endort les villages alors qu'il est à peine 8h ! Je frétille de bonheur devant les petites routes qui s'offrent à moi. Je suis dans la campagne profonde de l'étouffant Hebei, la ferme de Pékin. Pour me mettre en jambes, rien de tel que me taper 5km derrière un camion transportant une cargaison entière de fientes de poulets ! Je constate comme hier la présence de tentes sommaires à chaque entrée de village ou hameaux, deux paysans-gardes rouges en état de semi-somnolence. Gardiens du silence ou milice villageoise pour la protection des champs cultivés ? Je finis par apercevoir le brassard rouge de leur bras droit «security public» et comprends que chaque village est chargé, par le gouvernement, d'assurer sa sécurité et de veiller aux allées et venues des personnes étrangères pendant la période des J.O. Très, très malin... Ce sont donc les villageois eux-mêmes qui préviennent de la venue du «laowai» ! Tout s'explique tout d'un coup. Bien sûr, c'est pour notre sécurité, loin de moi l'idée de penser à autre chose... la liberté ayant le vent en poupe dans ce pays !


Je file a travers des champs de mais à perte de vue, même les maisons disparaissent sous les tiges de trois ou quatre mètres de haut. Les montagnes ne sont plus que fantômes dont on distingue à peine la silhouette tant la brume de chaleur s'intensifie. Désirant absolument prendre des chemins de traverse, j'opte pour l'itinéraire campagne de chez campagne. Les routes ne sont plus qu'un fin fil gris sur ma carte. Je sens que je ne vais pas vers la facilité mais ça a l'air tellement plus beau ! Devant la difficulté des premiers villageois rencontrés pour me confirmer la route, je me dis que je m'engage dans une belle galère. Pourtant je les ai dans la peau ces cartes ! Je pourrais faire le tracé les yeux fermés... J'ai juste besoin d'une petite confirmation et de m'assurer surtout que je trouverai de l'eau. J'avise un nouveau contrôle militaire et suis à contre cœur leur conseil. Au bout de 7km de côtes en plein cagnard, je rebrousse chemin concluant que cette route là est bien celle qui contourne le massif montagneux, la plus longue, celle que je veux éviter à tout prix ! Suivre ton instinct Camille, c'est tout ! Je repasse devant le barrage, les militaires se confondent en excuses et repartent dans des palabres sans fin entre eux... Bye byeee ! Je trace ma route en me disant que si les chinois ont inventé la boussole il y a un millénaire, ils en ont perdu le mode d'emploi il y a bien longtemps !



Je passe une fin d'après-midi extra malgré le retard que j'ai pris et surtout la chaleur qui me liquéfie. Je suis en nage, je ruisselle, dégouline par tous les pores de ma peau. La sueur goutte dans mes yeux et m'aveugle. Combien de litres d'eau boirai-je aujourd'hui ? J'en perds le compte...

J'effleure du regard les villages, quand bien même je voudrais m'arrêter, les «gardes rouges» veillent au grain...

Vers 19h, les habitants d'un hameau me désignent le sommet de la montagne pour route. Oooh non ! Un autre villageois me mime des travaux... J'essaie de me faire préciser la chose : je n'ai pas envie de monter pour rien. Mais si, c'est la route ! Résultat, en haut de la côte, une énorme montagne de terre barre l'accès, avec un panneau indéchiffrable pour moi. Je me glisse sur un sentier et découvre une route en construction, impraticable. Apres réflexion, je n'ai rien à manger et puis je colle tellement que je renonce à camper et me faufile à travers un sentier de mule pierreux. J'évite la chute sans savoir par quel miracle puis tombe littéralement sur les ouvriers qui aplanissent le ciment. Au lieu de subir une volée d'invectives pour ma présence dans un lieu interdit, ils viennent m'aider à faire passer Multi de l'autre côté de la route, qui n'est encore qu'une piste.


Le reste du village est de la même veine... Chaleureux et accueillant. Je donnerai tout pour rester ici ce soir, accepter le repas qu'on m'offre sur le pas de la porte, ici le thé, là des abricots mais... La nuit tombe, je dévale la pente poussiéreuse à la suite des troupeaux de moutons qui rentrent au bercail. Ici, plus que nulle part ailleurs dans mon voyage, je me sens extraterrestre pour ces gens... "Où est la suite du groupe ?" semblent interroger en permanence leurs regards.

J'entre dans Mayengzie à 21h, il fait nuit noire, pas une lumière dans la ville sinon bientôt la torche du policier qui me barre la route, pas aimable du tout du tout le monsieur. Je me fais dévorer par les moustiques pendant qu'on tente de communiquer. Mais impossible ! J'appelle Carrie a Guangzhou (mon Amélie Wan de toujours est injoignable) qui m'annonce qu'ils vont m'emmener à Jinshangling, ma destination de demain car aucun hôtel n'est habilité à me recevoir. Je reste muette...en fait, la police locale ne sait pas quoi faire de moi et va tenter de refiler le paquet aux voisins. Jinshangling ce n'est pas une ville je leur fais remarquer, mais le départ d'une randonnée de 4h sur la Grande Muraille... Ce qui veut dire qu'il n' y aura qu'un hôtel pour gens fortunés, je le sais ! Mais personne ne m'écoute... 22h30, arrivée au pied de la Grande Muraille dans un hôtel à 250 yuans la nuit comme prévu. Je m'entête et refuse même le rabais de 100 yuans. Je demande à aller voir la ville de Gubeikou.

Le nouveau policier présent tire sa révérence à peine arrivé. Il a flairé que j'allais le saouler et ne fera preuve d'aucun zèle administratif ! À Gubeikou, je vois 2 hôtels minables pour le prix de 90 yuans. Les J.O. leur montent à la tête. Je repars donc pour les bungalows individuels de Jianshangling. J'admire en silence la patience des chauffeurs. Il est presque 1h du matin et je les fait tourner en bourriques. Mais zut, ce n'est pas moi qui m'oblige à dormir là ! Finalement, je m'endors dans une chambre climatisée, bonheur ! À 2h du matin sans interrogatoire de 3h, miracle ! Pour le prix de 100RMB...

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