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31 mai 2008 6 31 /05 /mai /2008 10:07
Ninglang - quelque part dans la montagne. 87,01km.

Aujourd'hui je dois franchir 2 cols, dont l'un est à 2800 mètres et l'autre à 3100. Je progresse au milieu des nuages, entre rizières et villages Yi. Vers 10h je m'arrête une bonne heure au bord de la route : des femmes en habits colorés sont assises. Se reposent-elle ? Attendent-elles quelque-chose ? Je ne le saurai pas. C'est questions et rires sans interruption. Je les interroge au sujet des blasons peints sur les murs des maisons blanches. Un homme à leur côté me donnera sans doute la réponse sans que je la comprenne, mais il me répète «Yi dzu», ce qui veut dire le «peuple Yi».

Rencontres Yi au bord de la route - La pipe n'est plus l'appanage des hommes

Je provoque à nouveau des rires quand je dis que je reviens du Lac Lugu mais cette fois ce sont les quatre hommes présents qui ricanent...

À 3100 mètres, la visibilité est très moyenne, quelle déception quand j'ai seulement aperçu ces paysages à travers une vitre de bus ! Je vois dans le fond la vallée du Yangtze où je dois maintenant descendre. Malheureusement je retrouve une piste pavée et je passe plus de temps à éviter les arrêtes pointues des pierres qu'à regarder autour de moi. Chaque fois que j'essaie de relever la tête, je manque de me fracasser une nouvelle fois. C'est bon, j'ai compris : si je veux regarder, je dois m'arrêter ! Je mettrais donc plus de sept heures pour passer de 3100 mètres à 1487, mon compteur indiquant 43,82 au col et 87,01km à l'arrivée ! À mi-parcours, j'ai droit à 4 kilomètres goudronnés, je crois mon bonheur retrouvé mais c'est une fausse surprise, les pavés reprennent de plus belle...

Après 7 heures de descente cahoteuse, j'aperçois enfin le Yangtze

Le jour décline et comme prévu pas d'auberge en vue, seulement des groupuscules de villages sur l'autre versant de la montagne. Plusieurs fois, je me fais inviter à passer la nuit de l'autre côté... Mais quand vient la question de Multi, on me propose de le laisser là car impossible de descendre dans ces sentiers sinueux. Vous connaissez alors la réponse... Sans Multi, jamais ! J'ai beau être au milieu de nulle-part, la rare circulation des bus s'arrêtant bientôt pour la nuit, je ne peux pas laisser ma chère monture même cadenassée au bord la route. Alors je continue les jambes à l'arrêt mais les bras en compote.

J'apprends que tout en bas, au niveau du pont sur la rivière Yangtze, se trouve un hôtel... mais en bas, c'est encore dans 20km et la nuit tombe. Tout d'un coup, comme une réponse, je tombe sur un relai routier : une petite maison, une salle de restaurant, une cuisine, une pièce pour dormir. En 2 minutes top chrono, le miracle se produit : un jeune homme m'accueille et me propose de manger, je lui fais alors le signe universel de «dormir», lui me répond «avez-vous une tente ?» toujours en langage des signes, grimace négative en guise de réponse mais déjà je lui désigne le sol du restaurant avec un grand sourire. Marché conclu : le voilà qui gare mon vélo, décharge mes sacs pendant que sa femme m'invite à passer à table.

Mon refuge pour la nuit

Deux minutes montre en main, promis juré craché (c'est beau tiens !...), j'ai un toit et les pieds sous la table ! Mon corps est tellement moulu que je ne sens même pas la dalle froide et m'écroule dans un profond sommeil avec le grondement du Yangtze pour berceuse.

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commentaires

L
Je suis curieux de voir une photo de ces "pavés" ; à quoi ressemble le revêtement d'un tel chemin ?
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P
ca marche !!<br /> tes photos sont magnifiques
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